vendredi 28 mai 2010

Faut-il vraiment se perdre?

J'ai toujours aimé les cartes. Petite, avec Lisa, nous aimions passer des heures à regarder celles que notre grand-père rapportait du sud des Etats-Unis. Plus tard, nous en vînmes à en élaborer quelques-unes: A y repenser, je mets le monde entier au défi d'y comprendre quoi que ce soit!
Aujourd'hui, ce goût pour la cartographie ne m'a pas quittée. Et je trouve dans le digital storytelling et les nouvelles formes d'écriture un champ d'investigation tout à fait inédit pour le mind mapping.
Ces légères pensées me sont venues ce matin par une étrange connexion: A peine éveillée, dans les brumes d'un profond sommeil qui se dissipait à peine, je songeais au schéma des relations entre les personnages de Lost élaboré par Wired, à La Disparition de Perec et à Nicolas Boileau. Mais que peut-il bien y avoir en commun entre ces trois éléments, à l'exception de ma petite personne plongée dans un état de suspension exquis?

La contrainte. Cela, je le compris une fois sous la douche.

Commençons par le dernier, le "législateur du Parnasse" tel qu'on le qualifia à l'aune de la querelle des Anciens et des Modernes: Dans son poème L'Art Poétique, Nicolas Boileau tisse chaque fil du corset esthétique que la poésie doit arborer. Sans cette multitude de règles, impossible qu'affleurent la beauté du verbe et la justesse de la pensée. Pour Georges Perec également, la contrainte est au coeur du processus littéraire: Avec La Disparition, il parvient à écrire un roman sans jamais utiliser un mot contenant un "e". Mais alors, quel lien avec Lost?

Selon moi, il se fait par inversement. Et si, avant même d'élaborer les premières scènes du scénario, les producteurs de la série avaient imaginé et conçu le schéma des relations entre les personnages? Pour aller plus loin et faire en sorte que mes histoires de cartes percutent mes états matinaux où Perec, Boileau et les Disparus s'invitent dans ma chambre, il serait particulièrement excitant d'imaginer une fiction dont les principales directions seraient indiquées par une carte pré-existante. Créer par exemple de toute pièce un fiction transmédia relevant du genre "polar" d'après une carte des influx nerveux du corps humain, ou une série du genre "comédie" dont la construction utiliserait tel un calque la sphère logique et sémantique entourant la peinture et la personnalité d'un artiste comme Jackson Pollock. Si jamais certains veulent tenter l'aventure, faites-moi signe!




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